Une française en Chine, Paroles de #13

Hello les amis,  on se retrouve pour un nouveau Paroles de. Oups, il n’ y en a pas eu en juin. Je plaide coupable. A force de traîner, procrastiner,  voila le résultat. Je n’oublie pas ce rendez-vous pour autant. Où va t’on cette fois ci ? En Chine messieurs dames. Gaëlle a accepté de répondre à toutes mes questions. La Chine , ce pays qui suscite tant de questions. Voici son regard sur la Chine. Elle partage avec nous son expatriation en Chine. Vivre en Chine c’est comment ?  Vous venez direction la Chine ?

Expatriation en Chine

 

Etait ce ta première expatriation ?

Oui, c’était la première fois que je partais vivre à l’étranger.

Pourquoi avoir choisi de t’expatrier en Chine ?

J’ai fait un master en FLE (Français Langue Etrangère) et dans ce cadre-là, j’avais un stage à faire. Avec une amie de ma promo, on avait envie de partir à l’étranger et via les contacts d’un de nos profs, on a pu partir en Chine.

Cela s’est donc fait un peu par hasard un peu par opportunité au final. J’ai effectué ce stage de 2 mois à Qingdao. A la fin de mon stage, on m’a proposé un poste de lectrice à l’université pour la rentrée (2 mois après), que j’ai accepté.

Et je suis ensuite rentrée en France pour finir mon Master et je suis repartie l’année suivante en Chine.

Combien de temps as tu vécu en Chine

Au total,  j’y ai vécu un peu plus de 2 ans (en 3 séjours différents) :
– 2 mois en stage
– 1 an à l’université
– un peu plus d’1 an à l’Alliance Française

Étais-tu déjà allée en Chine avant d y vivre

J’y ai fait un stage pendant 2 mois, ce qui m’a permis de connaitre le pays et d’avoir envie de revenir pour plus longtemps. Mais avant ça, je n’étais jamais venue dans ce pays.

Que savais tu de ce pays avant d’y aller ?

Pas grand chose : qu’on mange avec des baguettes, que la langue s’écrit avec des caractères, qu’au niveau politique ce n’est pas top, que c’est un pays très grand.

Bref, les basiques du pays :p . Je suis partie avec peu d’à priori et d’images du pays en tête.

 

Ce qui au final était plutôt bien, car je n’ai pas été déçue du coup.

A partir de combien de temps as tu été à l’aise dans ce pays ?

Je me suis très vite sentie à l’aise, les deux mois de stage sont passés à une vitesse folle, dans une sorte d’euphorie permanente car tout était nouveau, différent, surprenant.

 

Chaque action du quotidien était source de découverte : prendre le bus c’était l’aventure, aller faire des courses était synonyme d’achats de produits inconnus,…

Lors de mon 2e et 3e séjour, j’ai vraiment découvert le pays, pris le temps, appris un peu le chinois, voyagé.

Quelles sont les choses qui étonnantes en Chine

La vitesse à laquelle le pays se développait. Je suis partie la première fois en 2006 et mon dernier séjour s’est terminé en 2009 et en si peu de temps, tellement de choses ont changé, que ce soit dans les villes ou dans les moeurs. C’est un pays qui va à 100 à l’heure.

 

L’autre chose qui m’a surprise, c’est la démesure. C’est un pays immense, j’ai fait plusieurs fois 24h de train d’un coup et c’était normal pour la Chine.

Et puis la Grande Muraille, la Cité Interdite, les buildings de Pudong à Shanghai, l’Armée Enterrée.

Tous ces monuments sont gigantesques, témoins de cette démesure chinoise.

Quelles sont les choses de ton pays d’adoption que tu as désormais adoptées ?

Boire de l’eau chaude quand j’ai mal au ventre (oui, juste de l’eau chaude), boire de la tisane de chrysanthèmes aussi. Manger avec des baguettes sans difficulté.

Avoir un grigri rouge sur mes clés 😃

Qu’aimes tu en Chine

C’est un pays un peu rude au premier abord, mais que j’ai trouvé au final très accueillant et chaleureux. Je n’ai jamais eu de problèmes de sécurité, je n’ai jamais eu peur.

 

Et puis c’est un pays chargé d’histoire et la langue est fascinante (que ce soit à l’oral ou à l’écrit). Enfin, la nourriture est délicieuse, c’est ce qui me manque le plus aujourd’hui…

 

Même 10 ans après, je rêve des plats chinois et de la street food de là-bas !

Qu est ce qui t a dérangé dans les mentalités ou habitudes culturelles chinoises ?

La notion de file d’attente qui n’existe pas. A la gare, chacun pousse l’autre pour atteindre le guichet et parle le plus fort possible pour se faire entendre et réussir à acheter ses billets.

 

Il a aussi fallu apprendre la patience (et ce n’était pas facile pour moi !) car en Chine, rien ne sert de s’énerver, ça ne fera pas avancer les choses plus vite, au contraire même. Il faut toujours être dans la discussion, la diplomatie.

 

La notion de « perdre la face » est centrale et il est important de le comprendre vite. Une personne ne s’énervera pas, elle préférera partir. Si elle ne sait pas, elle ne le dira pas quitte plutôt à donner une fausse réponse.

 

Ainsi une fois, à la gare, avec une amie, on a commencé à s’énerver pour une histoire d’échanges de billets et la dame au guichet a préféré fermer son guichet sous nos yeux ébahis plutôt que d’entrer dans le conflit.

 

Quelles sont au contraire les 3 choses qu’on pourrait importer en France

La médecine chinoise, avec des plantes et à l’écoute du corps, l’idée principale étant de soigner et non pas de faire partir la douleur le plus vite possible.

 

La gastronomie. Dans la province où j’étais, on mangeait énormément de légumes, cuisinés de plein de façons différentes et c’était délicieux !

 

Leur capacité à s’endormir n’importe où, c’est fascinant, surtout dans les transports.

A quoi ressemblait ta journée type ?

Petit déjeuner dans mon appart, puis j’allais travailler à pieds (je vivais sur le campus de l’Université). Que ce soit à l’Université ou à l’Alliance Française, je commençais les cours à 9h. Matinée de cours avec des élèves chinois.

 

Le midi, on achetait avec mes collègues notre repas dans la rue (barquette de riz ou de nouilles, petits sandwichs de viande,…) et on retournait en classe l’après-midi. Ma journée se terminait en général vers 17h/18h.

 

Parfois on allait se balader au bord de la mer ou boire un verre. Et on mangeait soit au restaurant soit dans la rue soit à l’appart. Au final, une journée très classique .😃

Ta vision de la France a t elle changé depuis ton départ ?

Oui ma vision a changé, mais je ne suis pas sûre que ce soit la Chine en soit. Plutôt le fait de vivre ailleurs, de voir autre chose.

 

Je serai partie dans un autre pays à cette époque, je pense que ma vision de la France aurait également changé.

Comment as tu gardé contact avec la France ?

A l’époque, Facebook commençait tout juste à être utilisé et a ensuite été très vite bloqué en Chine. Du coup je communiquais par MSN (et oui ça ne nous rajeunit pas !) ou par email.

As-tu beaucoup voyagé en dehors de Chine pendant cette période

Je suis allée en Thaïlande en vacances deux fois pendant que je vivais en Chine. Sinon j’ai voyagé dans le pays.

J’aurai pu voyager plus, mais je n’avais pas forcément les moyens à l’époque.

Comment y est le monde du travail ?

J’ai travaillé à l’Université Océanique de Chine et à l’Alliance Française du Shandong en tant que prof de français. C’était donc un milieu particulier et sûrement pas représentatif du monde du travail en Chine.

 

J’étais en contrat local, mais avec un salaire bien supérieur à la moyenne du pays.

Comment s’est passé ton intégration ?

Très bien, l’avantage quand on est prof, c’est que rapidement on a un petit réseau qui se crée : les collègues, les élèves,..

Et puis , il y avait une communauté d’étrangers assez importante à Qingdao (des profs de langue comme moi, mais aussi des étudiants venus apprendre le chinois ou encore des expatriés).

Conseillerais tu la Chine comme 1ère expatriation

Oui. Honnêtement pour avoir vécu dans 3 pays différents, c’est peut-être celui où j’ai trouvé le quotidien le plus agréable ; surtout en tant que femme. Oui il y a la barrière de la langue, mais en fait ça se surmonte facilement. Et aujourd’hui, si vous allez dans une grande ville, les gens parlent anglais.

 

Le dépaysement est important en Chine, mais en vivant dans une grande ville, c’est moindre. Il y a des bars, des cafés, des restaurants, des cinémas, des taxis. On s’adapte vite.

Après ça reste un pays très différent de la France, un peu brut. Beaucoup de voyageurs m’ont dit qu’il avait trouvé que la Chine était un pays dur par rapport à l’Asie du Sud notamment.

Alors oui si on compare à la Thaïlande ou au Laos, c’est sûr que c’est très différent.

 

Mais c’est un pays qui mérite qu’on le découvre et s’y expatrier est une bonne façon, car on peut prendre son temps.

As tu 1 anecdote à nous raconter suite à 1 incompréhension au niveau langue

La particularité du chinois à l’oral, c’est l’usage des tons. Il y en a 4 au total et ce n’est pas toujours simple de faire la différence entre l’un ou l’autre ni même de prononcer correctement.

 

Ainsi avec une amie, on s’est rapidement rendue compte que pour descendre du bus on disait « crevette » au lieu de « descendre », tout ça à cause d’une erreur de ton !

Le chinois tu apprends ou tu le parlais déjà avant de partir ?

J’ai appris un peu le chinois sur place, au quotidien. Je n’avais pas le temps de prendre des cours, donc l’apprentissage s’est fait sur le tas.

 

J’ai appris ce qui m’était utile : me présenter, négocier les prix, commander à manger, me déplacer,…

Quel est le climat dans la région où tu as vécu ? j avoue que je ne saurais pas situer la ville de qingdao

Qingdao se situe entre Pékin et Shanghai sur la côte (la ville est bordée par la Mer Jaune). C’était un climat plutôt continental, avec des saisons marquées (hiver froid avec de la neige, été très chaud).

As-tu vécu un choc culturel ?

 

Je suis partie en Chine avec hâte et excitation, j’étais prête à découvrir ce pays, à saisir tout ce qui m’arriverait, à en prendre plein les yeux. Je me suis donc laissée porter et emporter et ça s’est fait en douceur.

 

Par contre le retour en France a été difficile, surtout après le 2ème séjour. Là j’ai eu un vrai choc au retour. La grisaille et la morosité parisienne, la différence de rythme et de vie, le décalage entre ce que j’avais vécu et ce que j’ai retrouvé en rentrant.

 

Et puis, à l’étranger, on s’habitue vite au fait de ne pas comprendre vraiment les gens dans la rue ou la musique dans les magasins. Une fois rentrée en France, comprendre tout (les panneaux, les voix, la musique) et tout le temps était épuisant.

 

On se fait une image des chinois par rapport à ceux que l’on rencontre en voyage ou en France . Je sais bien qu’il ne faut pas généraliser d ailleurs comment le pourrait on avec des milliards d habitants mais comprends tu que l on puisse être déboussolé par certaines de leurs attitudes, sont ils pareils chez eux que à l ‘étranger

Je crois que chacun a des habitudes différentes. Honnêtement,  j’ai déjà été aussi choquée par le comportement d’un étranger en France que par le comportement d’un français à l’étranger. C’est vrai qu’on a cette image de hordes de chinois avec leur appareil photo qui visitent au pas de course Paris.

 

C’est tout simplement leur façon de voyager (et encore, ça fait quelques années que ça change).

Les séjours organisés permettent de sortir du pays, d’aller dans un pays totalement différent, de voir beaucoup de choses en peu de temps pour en profiter au maximum. Ce n’est pas ma façon de voyager et parfois ça m’agace, mais au final, chacun ses habitudes.

 

Certains évoquent aussi le fait que les chinois crachent dans la rue. Effectivement,  ils le font dans leur pays et c’est tout à fait normal pour eux.

 

On a des façons de faire et de vivre différente et forcément cette différence est parfois surprenante et dure à appréhender.

 

Mais ça marche dans les deux sens. Par exemple pour eux, se moucher dans un mouchoir est choquant et très très sale. Comme quoi… 😉

Comment as tu vécu le fait d être française en Chine

Le fait d’être une femme ne pose aucun souci en Chine, il n’y a pas le poids de la religion qu’il peut y avoir dans d’autres pays, donc de ce côté-là c’était très agréable.

 

En réalité, à l’époque, les gens dans la rue me regardait, non pas parce que j’étais une femme mais parce que j’étais étrangère.

Et ils étaient curieux dans le bon sens du terme. On m’a souvent aidé dans la rue quand j’étais perdue, on est venue m’aborder pour me demander ce que je faisais là et d’où je venais.

 

Le fait d’être de nationalité française était un plus, mais c’est variable selon la politique internationale. Quand j’y étais, je n’ai eu aucun souci par rapport à mon origine.

 

Mais je sais qu’un peu plus tard, il y a des problèmes pour des questions politiques (suite à la venue du Dalai Lama en France).

Mais globalement, les chinois ont une image positive de la France : la gastronomie, le romantisme, le bon vin. Oui c’est cliché, mais on s’y fait !

Quel conseil donnerais tu à des français souhaitant s’installer en Chine

Prendre le temps d’apprendre le chinois sur place (je regrette de ne pas avoir pris des cours pour apprendre plus), ça facilite beaucoup le quotidien.

Bien choisir la ville selon ses envies et ses habitudes : une grande métropole ? une petite ville ? quel climat (du Nord au Sud, ça change radicalement) ? etc.
Et puis le conseil le plus simple, c’est tout simplement d’avoir envie d’aller en Chine 😃

 

Credits photos: Gaëlle

Je remercie Gaëlle pour ses réponses. Encore un autre regard sur la Chine. Chine vue de l’intérieur.

On a tous nos à priori moi la première. Gaëlle a su trouver les mots pour partager son expatriation en Chine. Vous pouvez la retrouvez sur son blog : Joe le Moskito.

J’espère que cette interview vous a plu. Rdv très vite pour une autre interview.